À partir de 1999, la couleur passe au second plan. La motivation des explorations devient la mise en place de processus de création dynamiques. Les stratégies de lâcher-prise seront favorisées. Les développements de ces recherches vitales se déclineront en peintures et dessins.
Peintures élémentaires
Afin de poursuivre mon rêve d'œuvres quasi-organiques, j'ai tenté de limiter les effets de ma culture et l'emprise de ma volonté. Les peintures élémentaires sont issues de la mise en branle d'éléments physiques fondamentaux (matière, eau, feu, air) utilisés selon leur propre vitalité.
La toile écrue se vide tout en ne semblant pas vacante grâce à la tension entre ses parties. Les pinceaux sont abandonnés au profit de mon propre corps et des traces qu'il laisse en relation intime avec la surface (morsures, contacts divers); un outil-sculpture à usage unique est utilisé, immergé, pour simplement orienter le dépôt de poudres minérales.
Cet objet, singulier par sa fonction et son destin, est présenté en même temps que l'œuvre où il est intervenu (reliquaires).
Figures de la désignation
Il s'agit d'encre de Chine noire sur papier blanc, de format A4 ou 65 x 50 cm. L'émergence de l'inconnu, la surprise de la découverte y sont privilégiées. Chaque feuille vierge est abordée sans projet préalable. Il n'y a pas d'esquisse et rarement de repentir. Le hasard, quant à lui, sera stimulé par le choix d'outils aux réactions imprévisibles (loques de tissu, plumes d'oiseau tenues à l'envers) ou l'adoption de règles arbitraires et contraignantes: une seule charge d'encre, rapidité de la réalisation , cécité volontaire, utilisation de formes aléatoires. Le papier devient ainsi un territoire neuf où va précipiter un monde. Car c'est à partir du germe des premières taches que se construit un univers mental, par le va-et-vient entre matière et esprit.
L'aventure de l'histoire matérielle et perceptive de sa réalisation devient la vraie substance de l'œuvre.